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Delta’camp 2025 : le stage des jeunes deltistes

En 2025, l’habituel stage jeune « Deltacamp » a été organisé à Laragne dans les Hautes Alpes. Voici le témoignage de Benoit et de Joël (un peu plus bas), écrit avec l’aide d’Emmanuelle.

Le train se faufile lentement de Marseille à Laragne. Petit à petit, je vois grandir les collines qui bordent la voie, devenir de véritables montagnes aux impressionnantes faces verticales. Je rêve déjà de les contempler d’en haut ! Mardi, 15h30 : mon train arrive en gare de Laragne. Les autres pilotes du groupe : Corentin, Emmanuelle, Fabrice, François, Joel et Lilou, ainsi que les “coachs” Lison et Johann, sont arrivés dimanche soir mais n’ont pas encore pu voler en raison du vent fort. C’est donc pour une baignade dans les gorges de la Méouge que je retrouve le groupe. En voyant les nuages défiler à toute allure dans le ciel, on se dit qu’on n’est finalement pas si mal dans l’eau.

De retour au camping de Laragne, j’ai le plaisir de retrouver par surprise un groupe de pilotes du Sud-Ouest qui a aussi décidé de venir y voler cette semaine. On m’avait dit que Laragne était la Mecque du delta, en effet tout le monde semble y converger ! Retrouvailles émues également avec mon Mambo, convoyé depuis Toulouse par Johann. Autour d’une pizza ou d’une bière, les “coachs” Johann et Lison discutent force du vent, modèles météo, orientation des décos et plafonds, pour nous concocter un programme aux petits oignons pour le lendemain. Ayant bien mouliné tous ces paramètres, le verdict tombe : Décollage Chabre Nord, un plouf le matin pour qu’on puisse découvrir le site en conditions calmes, et un deuxième vol l’après-midi pour aller chatouiller les nuages. Youpi ! On file se coucher. Comme le vent est encore fort, on espère que les tentes ne s’envoleront pas, ce qui est un peu égoïste au vu de notre programme du lendemain.

Mercredi, 8h : on monte au décollage ! Je suis tout excité de découvrir ce site mythique, connu pour des départs en cross de plusieurs centaines de kilomètres. Alors que tout est prêt et que Lison s’apprête à enfiler son harnais pour décoller la première, un coup de vent farceur en décide autrement. Hop ! Cinq ailes décollent sans leurs pilotes ! S’ensuit une scène tragi-comique où nous courons affolés dans la pente, alors que nos deltas se prennent pour d’immenses papillons sauvages et nous narguent en faisant des roulés boulés à l’unisson. Heureusement pas de casse, mais le téléphone de Joël a disparu et il me manque une latte de bout d’aile. Après avoir fouillé tous les buissons de la montagne de Chabre, il s’avère que la coquine avait filé se cacher dans le bord d’attaque ! Quant au téléphone, les pouvoirs magiques de Big Brother Google permettent de le retrouver. Malgré quelques bullettes thermiques au-dessus du Buëch, on ne parvient pas à transgresser le programme établi : plouf. De retour en fin d’après- midi, c’est une autre paire de manches ! Déjà, on prend soin de monter les ailes dos au vent : pas d’envol intempestif. Et tous les pilotes parviennent à rester en l’air, plus de 2h pour ceux qui ne se lassent pas de faire des allers retours sur la crête de Chabre. Car en raison du vent de Nord assez fort et du plafond relativement bas vers 2000m, on dégringole dès qu’on s’en écarte… Pendant qu’on s’amuse comme des petits fous à tourner des thermiques mous, Johann nous appelle régulièrement en radio pour nous rappeler que “Il y a beaucoup de vent à l’atterro, c’est assez turbulent, n’oubliez pas de garder de l’énergie pour poser… Ce serait bête de… enfin ce serait bien de faire un bel atterro…”. En effet, Fabrice casse non seulement ses deux montants, mais aussi ses coins de trapèze après une magnifique chandelle ! Heureusement, il s’en sort indemne, et Lilou a prévu le pack de bières à l’atterro pour que chacun puisse se remettre de ses émotions en se réhydratant au plus vite.

Jeudi : vent d’Ouest, nous irons donc jouer à St André les Alpes, ce qui veut dire grasse mat ! Le site est connu pour sa forte activité thermique, qui se poursuit tard le soir. Pour éviter les créneaux de vol trop mouvementés, on prévoit donc de décoller vers 18h. En arrivant sur place, nous avons droit à une belle démonstration de l’aérologie sur le terrain d’atterrissage : les deux manches à air qui encadrent le terrain changent de sens toutes les 5 minutes, et malgré cela parviennent à ne jamais indiquer simultanément la même direction. Suivant les conseils de Guilhem et Dom, on choisit de retarder encore un peu le décollage… C’est donc vers 19h, dans une magnifique lumière dorée, qu’on décolle enfin du Chalvet. Si le vol est un peu turbulent au début, au bout d’une petite heure nous avons droit à la fameuse restitution de St André : c’est lisse, ça monte partout, quel délice ! Tandis que nous virevoltons avec les parapentistes venus partager cet instant, nous avons le plaisir de regarder disparaître le soleil derrière les montagnes, alors que la vallée est déjà plongée dans l’obscurité. Dans le camion du retour, tout le monde est épuisé. Le pilotage de Johann est aussi impressionnant sur bitume que dans les airs, et c’est peu avant minuit que nous arrivons liquéfiés au camping de Laragne. Je me jure d’être couché dans les 5 minutes. C’est sans compter sur un inexplicable sursaut d’énergie collectif, alimenté par une bouteille mystérieuse qui surgit des affaires de Johann. Finalement, on se contera nos exploits aériens tard dans la nuit…

Heureusement, le programme du vendredi prévoit également une belle grasse mat. Pour ce dernier jour de stage, la météo nous impose d’aller voler à Aspres. Encore un site phare des Alpes du Sud, aux conditions favorables en fin d’après-midi. On s’envole vers 16h pour le vol le plus tonique du stage : un décollage ronflant qui vous propulse 200m au-dessus de la crête avant d’avoir pu rentrer les pieds dans le harnais, un vario qui rebondit de -5m/s a +5m/s, ce sont les montagnes russes ! Je réussis à tirer mon épingle du jeu en faisant le plafond a 2600m en sortie de décollage, ce qui me permet d’éviter en partie la machine à laver. Plus tard, j’enroule un thermique puissant avec un planeur, je n’en avais jamais vu d’aussi près. Splendide !

Quelques heures plus tard, bercé par le cahot du train de nuit, je repense à ces quelques journées extraordinaires de Deltacamp. Non seulement on a appris à mieux voler et découvert des sites légendaires avec un encadrement au top, mais on a surtout rencontré des supers nouveaux deltapotes !

A bientôt dans le ciel !

Benoit

Nous nous retrouvons le soir du dimanche 6 juillet au camping de Laragne, notre camp de base pour le stage. Notre joyeuse équipe de deltistes se compose de 6 pilotes stagiaires : Emmanuelle, François, Fabrice, Corentin, Benoit et Joël, encadrés par notre cher duo de moniteurs : Lison et Johann.

Le début de semaine s’annonce venteux puis très venteux, mais les prévisions des jours suivants nous remettent du baume au cœur ! 

Comme prévu, le vent du Nord est déjà marqué le lundi matin, et nous montons au décollage mythique de la montagne de Chabre pour découvrir et repérer le site. Une fois sur place, les conditions rendent le décollage dangereux pour nous, surtout pour un premier vol sur le site, et nous nous en tenons au repérage des décos. Redescendus au camping, nous profitons de la fin de matinée pour répéter nos gestuelles de décollage, dans le vent, sur du plat. Ça aura été bien utile : tous les décollages de la semaine étaient ventés ! Dans l’après-midi, les balises météo nous confirment les prévisions : trop de Nord pour nous, et le vent du lendemain est prévu plus fort encore. C’est l’occasion de profiter un peu de Laragne sans voler : baignade, balade dans les gorges de la Méouge, soirée arrosée au camping et beaucoup de rigolade ! 

Le vent finit par baisser le mercredi matin et nous faisons deux vols de Chabre en Nord dans la journée. Après un vol de repérage/reprise le matin, le temps de réviser déco, approche et atterro, nous remontons pour un vol de fin d’aprèm’. Le Nord-Ouest est déjà bien marqué quand les premiers pilotes décollent et, assez fort pour les derniers. Ce n’est pas l’envie qui manquait, mais Emmanuelle a dû se résigner à replier au décollage. L’atterrissage était déjà mouvementé, et sur les conseils avisés des moniteurs, pas de vol pour une néophyte dans ces conditions. Pour les pilotes plus aguerris, ce premier vol d’après-midi en thermodynamique le long de la crête de Chabre est magique. En quelques allers-retours dans le dynamique et des petits tours de thermique, le ciel s’ouvre et le site nous offre un panorama incroyable : du Ventoux à l’Ouest, à la Barre des Ecrins au Nord-Est, en passant par le Diois et le Dévoluy au Nord. Tout ça dans un ciel bleu azur, avec des copains en l’air et un moniteur à l’atterro … que demander de mieux ?!  Après plus de 2h de vol pour les premiers pilotes à avoir décollé, tout le monde ou presque pose sans histoire à l’atterro de l’ile d’Oriane (2 montants de trapèze sont perdus dans l’histoire, mais protègent bien le pilote : aucune blessure à déclarer).

Cette belle première soirée de vol se termine avec des étoiles plein les yeux, et l’envie de remettre ça !

Les prévisions pour le jeudi annoncent du vent d’Ouest, plutôt que Nord, et nos moniteurs optent pour un autre site mythique : Saint-André-les-Alpes. Grâce aux infos des pilotes locaux (merci Guilhem et Dom), nous attendons jusqu’à 19h que les conditions (très fortes dans l’après-midi) faiblissent. Et nous ne sommes pas déçus d’avoir attendu : les premiers à décoller se font encore un peu brasser et montent jusqu’à 2200, avant que la restitution ne prenne place, une petite heure après. Le soleil est en train de se coucher et le vol devient facile, ça monte partout et tout doux en ligne droite ! Les derniers pilotes décollent à ce moment et nous partageons ensemble ces lumières flamboyantes sur le massif des Monges, et sur le Verdon qui scintille derrière Saint-André ! Emmanuelle et François, les deux Belges, et pilotes les moins aguerris, goûtent à leur premier vol long de la semaine. Quel plaisir !

Benoît et Corentin se font l’aller-retour aux antennes au Nord du décollage, tandis que je rejoins un vautour fauve qui monte puis zérote en s’en allant plein Ouest vers le milieu de la vallée. Quand nous décidons d’aller poser, il est presque 21h et le soleil est déjà couché à l’atterro. Tout le monde pose bien, et on a même le temps pour une bière avant de repartir, encore à demi euphoriques de cette soirée irréelle ! 

Le vendredi, le vent est annoncé Sud-Ouest. Après un peu d’hésitation entre le Colombis et Aspres (merci à Fabrice et Eus qui sont allés y voler), nous montons finalement à la Longeagne. Le vent y est franchement Ouest et nous déplions donc au déco Ouest, avant un décollage entre 16h et 17h. Les conditions sont moins faciles que les jours précédents : il y a de gros thermiques, du vent Ouest puis Ouest – Nord-Ouest en montant, et des grosses dégueulantes sous le vent ! La zone sous le vent de l’atterro du Chevalet descend particulièrement fort et les approches sont plus tendues que les jours précédents, mais tout le monde pose sans histoire. Seul Benoit semble trouver ça facile et est encore perché en transition au-dessus de 2000 alors que nous étions déjà tous posés ! (Bravo Champion !). François a préféré ne pas voler, et Emmanuelle, heureuse d’avoir découvert trois nouveaux sites en trois vols, se dit qu’elle reviendra volontiers à Aspres… en conditions plus calmes ! Le dernier vol de la semaine fut plutôt costaud. 

Cette semaine aura été capricieuse en météo, mais grâce à la belle énergie de tous les pilotes, stagiaires et moniteurs, nous avons pu en tirer de magnifiques moments, en vol comme au sol ! Vivement les prochaines vacances…

Joël